Au début de la pandémie de COVID-19, lorsque l’impact perturbateur potentiel sur la société semblait écrasant, les pronostics étaient particulièrement sombres pour le continent africain. On prévoyait que les populations africaines seraient frappées par le virus de manière si dévastatrice qu’elles déclencheraient une cascade de catastrophes sociales, politiques et économiques. Cependant, deux ans et demi plus tard, ces sombres scénarios ne se sont pas concrétisés. En fait, les données de l'OMS de mai 2022 montrent que l'Afrique, un continent densément peuplé, compte un nombre de cas confirmés bien inférieur, soit moins de 9 millions (8 972 475), par rapport à d'autres régions du monde, par exemple l'Afrique du Sud. 21 millions en Méditerranée orientale, 156 millions dans les Amériques et 220 millions en Europe.

 

Tout au long de la pandémie, le monde a cherché à se protéger grâce aux vaccins, et de nombreux pays ont lancé leurs propres programmes de vaccination dans une course qui a abouti à une multiplicité de vaccins d’efficacité variable. Toutefois, l’intérêt national pourrait limiter une répartition mondiale plus équitable. Les moyens potentiels de partager des traitements et des vaccins avec l’Afrique ne se sont pas concrétisés. L’Afrique dans son ensemble s’est retrouvée avec peu d’initiatives. Dans ce processus, la dépendance totale de l’Afrique à l’égard de la science et de la technologie extérieures est flagrante ; en termes de recherche et de développement de vaccins et de traitements, de fabrication et de distribution de médicaments, de meilleures pratiques décisionnelles en matière de santé publique et d'infrastructures permettant de mettre en œuvre avec succès les politiques liées à la santé.

 

Cependant, la question demeure : comment le continent africain a-t-il fait face à la pandémie de COVID-19 malgré les prédictions ? Comment les institutions de santé publique africaines, les chercheurs en santé et les guérisseurs traditionnels ont-ils fonctionné au plus fort de la crise pandémique ? Quelles ont été leurs conclusions en termes de ressources culturelles propres à l’Afrique dans la promotion de la santé publique ?

 

En effet, la philosophie, les connaissances et les pratiques traditionnelles africaines en matière de santé publique, autrefois dénigrées et marginalisées, contiennent des conceptions holistiques de la santé et du bien-être humains fondées sur une interconnexion et une interdépendance profondes avec la nature. Comment l’Afrique pourrait-elle explorer et intégrer de telles réponses endogènes dans sa politique de santé publique ? Quelles propositions doivent être avancées pour faire progresser des approches véritablement africaines en matière de santé publique et de bien-être collectif ?

 

De plus, en raison de sa plus grande biodiversité végétale, la forêt équatoriale africaine recèle un potentiel inexploité pour de nouvelles découvertes en matière de phytothérapie. Que faudrait-il pour respecter et intégrer équitablement les sciences modernes et les connaissances et pratiques traditionnelles en matière de soins, de guérison et de bien-être ? Comment les pays africains pourraient-ils collaborer et mettre en commun leurs ressources et leurs efforts pour financer une telle recherche ?

 

Il y a déjà eu quelques réussites dans la lutte contre la pneumonie à coronavirus, par exemple en République démocratique du Congo et au Cameroun, où au moins deux médicaments à base de plantes ont été approuvés et sont aujourd'hui commercialisés. De tels succès démontrent que la revalorisation des connaissances et des pratiques endogènes en matière de santé publique et de bien-être collectif permet également aux peuples africains de développer des médicaments accessibles et abordables pour les marchés nationaux et locaux de la santé, renforçant et régénérant davantage les communautés marginalisées.

 

Pour réfléchir en profondeur à ces questions importantes et explorer les expériences africaines de survie à la pandémie de COVID-19, Afrospectives et Global Humanity for Peace Institute se réunissent pour co-organiser un webinaire international qui se tiendra le 28 octobre 2022. Cet événement réunira réunissant des universitaires, des experts et des praticiens africains qui ont entrepris des recherches sur la géopolitique de la santé, sur les politiques de santé africaines et sur le potentiel des connaissances et pratiques médicales endogènes.

 

Les contributeurs au webinaire répondront aux questions suivantes :

1. Comment des notions telles que la santé, les soins et le bien-être sont-elles définies et comprises en Afrique ?

2. Quelles leçons pourraient être tirées des efforts des différents acteurs africains pour atténuer l’impact de la pandémie de COVID-19 sur la santé publique et la vie sociale et économique en Afrique ?

3. Quelles leçons pourraient être tirées de la réponse des sociétés africaines aux maladies endémiques telles que la tuberculose bovine, l’onchocercose [cécité des rivières], le paludisme, etc. ?

4. Quel rôle les connaissances et pratiques médicales traditionnelles et endogènes africaines pourraient-elles jouer dans la construction de systèmes de santé publique durables et autosuffisants en Afrique ?

5. Quels défis les gouvernements africains doivent-ils surmonter pour exercer leur autonomie et leur capacité d'agir dans l'élaboration des politiques de santé publique ?

6. Quelles sont les nouvelles opportunités et possibilités pour développer un programme de recherche panafricain sur les vaccins et les médicaments ?

 

Ensemble, les panélistes et les participants discuteront et définiront des orientations et recommandations pertinentes qui pourraient être adressées aux professionnels de la santé et aux décideurs africains pour développer des politiques de santé indépendantes capitalisant sur leurs connaissances et pratiques endogènes.